UN DÍA EN OAXACA
- mathildelalanne77
- 17 août 2018
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 août 2018
Expatrié depuis quelques semaines, ou oaxaquenien de longue date, voici comment se déroulerait votre journée si vous étiez un habitant de Oaxaca de Juarez.
Votre journée commence par un réveil assez matinal ; par la lumière du jour si vous avez de la chance, ou par les "AGUA" retentissants que crient les vendeurs d’eaux pour prévenir de leur arrivée (ici on ne boit pas l’eau du robinet, et le bidon d’eau minérale est donc obligatoire).
Vous prenez ensuite votre petit déjeuner (et le soleil), sur votre terrasse de préférence, car comme la majorité de la ville, vous disposez d’un espace plus ou moins grand sur votre toit, qu’il soit privé ou commun.

Après avoir bien fermé votre fenêtre (vous n’êtes jamais à l’abri d’une pluie tropicale pouvant se déclencher d’un instant à l’autre), vous partez de chez vous. En chemin pour la lavendería vous n’oubliez pas de saluer tous les passants, pour honorer la politesse légendaire des mexicains. Vos vêtements déposés pour être lavés et repassés (à Oaxaca très peu de personnes possèdent un lave-linge), vous allez faire vos courses. Dans le centre de Oaxaca il n’y a pas de supermarchés, vous avez donc le choix entre des marchés de fruits et légumes, des carnicerías (boucheries), ou de minuscules supérettes que vous trouverez à tous les coins de rues. Vous partez finalement pour un mercado orgánico (marché bio), car il y en a beaucoup, et pour des raisons que nous expliquerons plus tard. Vous faites alors le plein de fruits exotiques et de graines en tout genre, pour découvrir toute cette nourriture exotique que, malheureusement, vous ne connaissez pas en France.

Un jus de maracuya (fruit de la passion) en main, vous décidez d’aller visiter un des nombreux musées de la ville. L’offre culturelle y est riche, et vous décidez finalement d’aller à une exposition photo qui prend place dans une hacienda (Oaxaca est une ancienne ville coloniale, et les maisons avec patios que possédaient les familles de riches espagnols sont très nombreuses).

L’ambiance artistique vous a donné envie de prendre quelques clichés vous aussi. Vous vous concentrez sur les nombreuses peintures murales et les autocollants grandeurs natures qui décorent les murs colorés de Oaxaca. Vous vous promenez dans les petites rues aux basses maisons et vous vous dirigez vers la place Santo Domingo. La majestueuse église entourée d’agave termine votre reportage photo en beauté. Vous profitez d’être dans El Andador, la rue la plus touristique de la ville, pour écouter 5 minutes une énième reprise de « Cuando Calienta El Sol », de Luis Miguel, playboy et légende de la chanson mexicaine.

Vous continuez votre chemin en passant par le Zocalo, la place centrale de la ville, toujours très animée. Vous vous frayez alors un chemin entre les trois manifestations qui ont lieu en même temps devant le Palacio de Gobierno, et qui réclament chacune plus de reconnaissance pour les nombreuses populations indigènes qui vivent dans l’État.

Vous arrivez ensuite au Mercado 20 de Noviembre, haut lieu de la cuisine mexicaine, et célèbre pour son pasillo de las carnes, littéralement le passage de la viande ; végétariens s’abstenir.
Il est 14 heures, c'est à dire le moment pour retrouver des amis et manger un poulet au mole negro, délicieuse sauce aux épices et au chocolat, ou une tlayuda, un genre de taco faisant trois fois votre taille. Vous vous remerciez alors d’avoir fait des courses healthy ce matin, afin de compenser la nourriture que vous mangez en dehors de votre maison.
En sortant du marché vous prenez votre courage à deux mains et goutez les fameux chapolines, petites sauterelles au gout épicé que les oaxaqueniens aiment mettre dans leurs tacos.

Vous vous dirigez ensuite vers les librairies ou bibliothèques, paisibles lieux de travails ou de recherches pour les nombreux étudiants de Oaxaca. Vous êtes une fois de plus charmé par l’architecture de la ville, et vous pensez que la beauté de ces maisons de toutes les couleurs mérite amplement son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Vous pouvez maintenant prendre votre cafecito, spécialité du Mexique et de la région en particulier. Attendez-vous à rencontrer de nombreux « artistes » dans les cafés, c’est à dire des étudiants amateurs de gravure sur bois qui vivent dans cette ville culturelle pour en apprendre plus sur l’Art.

17 heures, vous avez le temps de passer faire un peu de shopping, vous vous promenez donc entre les boutiques « muy hipster » (à prononcer ripster), qui se cachent un peu partout dans la ville. Les bijoux et vêtements inspirés des tenues traditionnelles de chaque pueblitos (petits villages) sont très à la mode ici, et presque tous les habitants portent les chemises typiques des différentes régions de Oaxaca.

Il est maintenant l’heure d’aller à votre obligatoire clase de baile, car qui que vous soyez, ici tout le monde sait danser à la fois la salsa, et la cumbia. Le cours est bien entendu en extérieur, et la participation est personnelle. Après 1 heure et demi à essayer de maitriser les pas, vous avez juste le temps de manger, un Elote (épis de maïs) ou un Esquite (grains de maïs dans un pot) qui s’achètent pour une vingtaine de pesos dans la rue, et qui sont bien évidemment couverts de mayonnaise et de piment.
Rassasié, vous pouvez rejoindre vos amis dans un bar ; que ce soit un rooftop chic pour boire des cocktails au Mezcal, un bar d’ambiance plus rock autour d’une bière, ou bien dans un bar cubain pour mettre à profit vos talents de danseur de salsa. Notez que pour la dernière option, maitriser les danses latines de couples est obligatoire si vous ne voulez pas subir les moqueries de vos congénères mexicains.

Après quelques mezcals et plusieurs heures de danses, il est l’heure de rentrer. Si la soirée était vraiment trop intense, le taxi sera parfait, rapide et peu cher, mais si vous avez encore un peu d’énergie, rentrer à pied sera faisable et permettra un détour dans une taquería. Elles sont majoritairement ouvertes de nuit, et deux ou trois tacos al pastor feront votre bonheur. Vous pouvez ensuite rentrer, toujours accompagné d’un perro callejero, ces chiens de rues pouvant vous tenir compagnie pour toute la durée de votre trajet.

Enfin dans votre lit, les épices et le mezcal brûlent votre ventre, vos pieds sont fatigués de la salsa, vos épaules vous font mal à cause des coups de soleil, et les feux d’artifices et la musique que vous entendez toute la nuit vous empêchent de dormir.
Mais au fond vous n’échangeriez ça pour rien au monde, bien trop heureux de vivre à Oaxaca.
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