Chiapas: cascades, révolution et jungle
- mathildelalanne77
- 7 nov. 2018
- 4 min de lecture
Situé juste à côté de l’Etat de Oaxaca et recommandé par 100% de mes amis mexicains, l’Etat du Chiapas m’a très vite paru le lieu parfait pour commencer mes vacances. Je n’ai pas été déçue, au contraire !
Après 12 heures de trajet de nuit pour traverser la Sierra mexicaine, nous arrivons enfin à San Cristobal de Las Casas. Décrite par beaucoup comme leur ville préférée, j’ai vite compris pourquoi.

Située à plus de 2600 mètres d’altitudes, la ville est complètement entourée par les montagnes, et perchée sur une autre. On a donc un panoramique incroyable, dans quasiment toute la ville. San Cristobal est également un lieu très agréable pour vivre, petits cafés et restaurants sympas un peu partout, j’y ai trouvé beaucoup de ressemblances avec Oaxaca, ce qui n’était pas pour me déplaire.

Mais nous avons surtout su profiter de sa position centrale dans l’Etat pour découvrir plus en profondeur le Chiapas.
On ne va pas se mentir, ce qui fait la force et la beauté de l’Etat, c’est l’eau et la végétation. L’Etat est couvert de cascades toutes plus impressionnantes les unes que les autres, et entre ses routes désertes menant au Guatemala, et sa jungle aux alentour de Palenque, on a beaucoup de choses à voir.
Nous avons notre tour des cascades chiapateques avec El Chiflón. C'est un écoparc abritant un chemin de randonnée bordée de cascades et de piscines naturelles. Nous avons pu nous baigner dans ses eaux froides et surtout voir la cascade Velo de Novia, impressionnante et merveilleuse chute d’eau qui a réussi a nous tremper même avec beaucoup de distance.

Les Lagunas de Montebello que nous avons visité ensuite étaient beaucoup plus paisibles et tranquilles, mais tout aussi belles. De plus, elles constituent la frontière naturelle avec le Guatemala, et nous pouvons maintenant dire que nous avons vu ce pays voisin.

El cañon del Sumidero quand à lui, c’est comme son nom l’indique un canyon, mais qui se visite par bateau ! La traversée dure 2h30 et on peut y voir des crocodiles, singes, hérons et pélicans, mais aussi des cascades toutes plus étranges les unes que les autres. L’insolation était proche sous le soleil mexicain de mediodía, mais ça valait très largement le coup !


Nous avons terminé le tour des cascades avec Agua Azul et Misol-Hal. Le premier site est je pense mon préféré: de magnifiques cascades (oui encore) et plans d’eaux, mais cette fois dans la jungle! La vue de la Sierra au travers des champs de bananiers reste un très beau souvenir.

Et enfin Misol-Ha, la dernière cascade du périple, à la signification mythique et magique pour les indigènes de la région. Nous avons pu passer derrière la cascade et même aller à l’intérieur d’une grotte pour y voir des nuées de chauves souris.

Outre toutes ces magnifiques cascades, ce que j’ai adoré dans le Chiapas, ce sont les routes de montagnes. Une en particulier m’a marqué: nous avons eu beaucoup de chance et avons pu passer par la Sierra menant à Palenque qui est en temps normal fermée aux touristes. Mis à part une route des plus cahoteuse, le paysage était à couper le souffle. C’était le premier aperçu de la Selva mexicaine que nous découvrions: champs de bananiers, lianes et arbres qui barraient le passage, brume tombant mélancoliquement sur la Sierra, bref incroyable.

Ce n’est d’ailleurs pas sans compter l’armée zapatiste que nous avons pu apercevoir dans des minuscules pueblos indigènes. Ce mouvement qui a débuté dans les années 1994 pour lutter conte l’accord ALENA avec les Etats Unis vit encore. Suite à des répressions violentes de la part de l’Etat mexicain, la plupart des zapatistes vivent à l’écart dans les montagnes pour réclamer une reconnaissance des indigènes du Mexique, ainsi que la fin de la corruption du gouvernement mexicain. Ils sont tout de même encore célébré à San Cristobal où il est possible d’aller dans des magasins ou complexes zapatistes, pour acheter un café révolutionnaire, ou une oeuvre de l’artiste engagée Beatriz Aurora. Mais dans les montagnes c’est plutôt de la propagande communiste à l’effigie du Che et des affiches anti gouvernement que nous avons bravement aperçus par les vitres.. Un avant gout de Cuba?

Le périple continue à l’intérieur de la jungle, où nous avons passé un weekend. Si vous voulez sortir de votre zone de confort, c’est le lieu parfait! Un température aussi humide qu’à Puerto Escondido (mais sans les plages..), la douche en plein air et bien sur froide, une attaque de moustiques en permanence, etc. Mais la jungle c’est aussi entendre et sentir tous les bruits de la selva, voir des singes par la fenêtre de la chambre, et découvrir des sites incroyables comme les ruines de Palenque. Voir tous ces vestiges mayas totalement enfouis dans les lianes et les plantes grimpantes, se représenter la vie qu’ils avaient du haut de ces temples et dans leurs cascades, toute cette expérience hors du commun est certainement la cause du classement de Palenque comme un Pueblo Mágico.

Et bien sur, nous avons pu quitter ce merveilleux Etat mexicain avec comme dernier aperçu une manifestation de professeurs bloquant toutes les routes. Le Chiapas étant l'état mexicain payant le moins ses employés, on m'avait prévenu, les manifestations sont fréquentes voir quotidiennes. Nous avons donc du changer de chemin 4 fois avant d’attendre 3h dans un bus pour finalement traverser la manifestation à pied; mais c’est aussi ça le Chiapas.
Cosmopolite, plein de vie et de contradictions, une force naturelle aussi incroyable que ses paysages, je repars du Chiapas encore plus impressionnée et émerveillée par l'Etat et par la diversité du Mexique que j'aime tant.
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