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Inmersión en Amazonía

  • Photo du rédacteur: Diane Remy
    Diane Remy
  • 7 oct. 2018
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 oct. 2018


En route pour l’Amazonie ! Afin de se rendre dans le département de l'Amazonas depuis Bogotá , il est nécessaire de prendre l’avion en direction de Leticia, car aucune route terrestre n’y mène. Celle-ci est située aux confins des frontières entre la Colombie, le Brésil et le Pérou, à la pointe du trapèze amazonien. Le terme Amazonas provient des célèbres guerrières Amazones. En effet, lors de l’arrivée des Espagnols sur ce territoire, certaines femmes très braves ont défendu leur liberté, ce qu’il leur a rappelé la bravoure des célèbres Amazones. Leticia était la chef de ces guerrières.


L’arrivée à Leticia est saisissante : nous découvrons un paysage verdoyant et interminable. La jungle amazonienne colombienne représente un tiers de la surface du pays (342 000 km2). Si la déforestation y était coutume, ayant par exemple entraîné la disparition de 1800 hectares de jungle entre Leticia et Puerto Nariño de 1970 à 1990, la forêt colombienne est désormais hautement protégée. Trente-cinq tribus indigènes y cohabitaient ; quinze d’entre elles y sont toujours présentes. Si plusieurs tribus y vivent, il n’y a aucune animosité entre elles. Toutes respectent la Madre Tierra, sous peine d’affronter la Kurupira, l’esprit protecteur de la forêt.


Statue de la Kurupira

A l’aube, nous rencontrons Gaelo, notre guide pour cette expédition en Amazonie. Avec un sentiment d’euphorie à l’idée de découvrir pour la première fois cette vie sauvage exubérante, nous nous enfonçons dans la forêt afin d’atteindre la Maloca (hutte ronde traditionnelle indigène) de la tante et de l’oncle de Gaelo, de la tribu des Yukuri et Ticuna (signifiant "homme peint en noir"). Ils nous accueilleront pour la nuit, avec des gros vers -bien juteux- à déguster en guise de goûter.




C’est le moment de nous initier à quelques pratiques locales, en testant des produits médicinaux sacrés : le Mambé et le Rapé. Leur fabrication occupe la majeure partie de la journée des habitants. Ces pratiques ont beaucoup inquiété les Espagnols lors de la colonisation, qui ont alors considérés les Indigènes comme des adorateurs de Satan et les ont massacrés. Dans son usage ancestral, le Mambé, composé de feuilles de coca cuites et de cendres, le tout tamisé, est utilisé afin de ressentir tout en positif et de se connecter à la nature. Le Rapé quant à lui, formé de tabac moulu et de plantes médicinales, est expulsé dans chaque narine dans une idée d’équilibre omniprésente,  et permet de déboucher les voies respiratoires hautes. Celui qui pleure est qualifié de jaloux ; bien-sûr, nous avons tous versé une larme…



Cuisson des feuilles de coca


Les habitants de la Maloca nous ont aussi présenté certains de leurs rites ancestraux, comme celui de la danse de 24h avec un habit traditionnel et un masque, ce qui rend d’ailleurs très difficile de reconnaitre son épouse/époux (et oui, cela a mené à quelques problèmes).



Le soir, après avoir subi toute la journée une chaleur étourdissante, nous nous rendons au Río Tarana pour une « douche » bien méritée. C’est aussi l’occasion d’observer l’abondance de toutes sortes de plantes médicinales, dont la population locale a une parfaite connaissance, comme le Marañon, le « fruto de la memoria », ou encore la Guama, un puissant cicatrisant.


La nuit, avec une chaleur toujours aussi étouffante, nous repartons en expédition dans la jungle. Immédiatement, des centaines d’yeux d’animaux nocturnes s’illuminent dans la nuit. Pour notre plus grand plaisir, nous croisons de nombreuses tarentules de l’espèce la plus grande observable en Amazonie. Miam ! Il y a aussi de nombreuses grenouilles dont il faut d’ailleurs se méfier, car certaines sont venimeuses. Les Indigènes réalisent souvent ce périple dans le but de trouver de la nourriture, des petits lapins par exemple. Ainsi, quelques pièges sont disposés afin de pouvoir les capturer.




Levés de bon matin sous un orage annoncé par les ranas, nous entrons après une bonne heure dans ce que notre guide qualifie de pura selva. C’est l’occasion de nouvelles découvertes ! Et la première surprise apparait lorsque Gaelo découpe soudainement une immense liane à coups de machette : en réalité, cette liane contenait 5 litres d’eau pure et fraiche. Si cela nous a bien désaltérés, il faut être extrêmement prudent car se tromper de plante peut mener à la mort. Les lianes vénéneuses étaient d’ailleurs utilisées lors des guerres civiles. Elles produisent un lait blanc, le Purale. Aujourd’hui on continue de l’utiliser pour la chirurgie car ce liquide paralyse les nerfs du patient; ensuite on lui injecte un anti-venin.



Dans sa lancée, Gaelo en profite nous expliquer comment Indigènes ont réussi à créer un anti-venin contre les morsures de serpent. Initialement, sous l’idée du scientifique Patarollo, ceux-ci ont commencé à faire des expériences avec le sang des singes « Buri Buri », qui ressemblait beaucoup à celui des hommes. Ils remplaçaient alors le sang extrait des singes par celui de chiens et chevaux. Toutefois cela a mené à des maladies et un singe contaminé pouvait tuer toute une tribu. C’est pour cela que cette pratique est aujourd’hui interdite ; il existe désormais des anti-venins chimiques.


Afin de nous exprimer la difficulté pour les Indigènes de sortir de leur environnement et des mœurs sévères, Gaelo décide de nous raconter son histoire. Il vivait alors avec ses parents lorsque sa mère a renversé les poissons qui venaient d’être pêchés. Afin de pouvoir subvenir à leurs besoins, il demande à son oncle qui travaillait avec le curé, de pouvoir lui vendre des fruits. Celui-ci accepte, à condition qu’il apprenne l’Espagnol. Par conséquent, Gaelo est parti à l’Internat tenu par les curés. Ceux-ci les battaient et leur mettaient du scotch sur la bouche afin de les empêcher de s’exprimer dans leur langue natale. A la fin du collège, à ses quinze ans, il a un jour joué avec une jeune fille de treize ans dans une rivière. Persuadés qu’il était amoureux de leur fille, les parents de celle-ci proposent un mariage à ceux de Gaelo. Celui-ci ne le souhaitait absolument pas, car cela aurait rendu inutiles les dures années qu’il avait passées à étudier, et il ne voulait absolument pas finir sans argent comme ses frères. Alors, son père l’a attaché à un poteau avec ses frères et ils l’ont fouetté jusqu’à ce qu’il arrête de protester. Son mariage aura duré trois mois, puisqu’il s’en est par la suite allé travailler avec le curé, souhaitant échapper à son destin.



Finalement, nous arrivons au refuge après une longue marche. Pour passer la nuit, nous montons alors sur une plateforme vertigineuse située à la cime d'un arbre de trente-cinq mètres de haut, entourés des bruit de la nature environnante. Pour ainsi dire, les cris des animaux ne nous ont jamais parus aussi menaçants que cette nuit-là !


Lever de soleil depuis la plateforme suspendue

Le lendemain, après quelques heures de marche, nous entamons notre traversée sur le Río Amazonas, en direction du Pérou et du Brésil. Nous avons la chance de rencontrer de nombreux dauphins sur notre passage, même des dauphins roses ! Selon les légendes Tikuna, leur origine remonte à la transformation d’une jeune fille ayant ses premières menstruations, qui se serait baignée et aurait titré un homme attiré par son sang, qui l'aurait ensuite séduite et entrainée dans l'eau à jamais. Il existe de nombreux rites en lien avec l’arrivée à la puberté des jeunes filles, par exemple se pratiquait le rituel de la pelación (arrachage des cheveux, un à un), suivi d’une retraite dans une grotte pendant neuf mois.


Nous continuons ensuite notre traversée vers le Río Yavarí, en passant par le Brésil et le Pérou, pour enfin arriver à notre destination d’accueil sur le Río Sacumbu péruvien. Pendant le voyage, Gaelo nous explique pourquoi tous les hommes ne sont pas pareils, selon leurs croyances. Les hommes seraient à l’origine de la création sortis d’un rocher, et des araignées géantes leur auraient coupé la queue, d’où la distinction entre les singes et les humains. Ensuite, ils auraient été plongés dans un lac un à un, ce qui aurait créé la couleur de peau : les premiers à s’être baignés auraient bénéficié d’une eau propre, d’où leur peau blanche et inversement. Ensuite, chaque groupe aurait choisi une dotation ; les Blancs auraient choisi la technologie et armes, et les Indigènes les arcs à flèches et la nature. Selon lui, cette caractéristique permet aux Indigènes de vivre plus heureux que les Occidentaux, sans cesse dictés par leur logique capitaliste.



Le soir, une grande expédition nous attend : la rencontre avec des caïmans de 4 à 6 mètres de long ! Ceux-ci sont reconnaissables à la couleur de leurs yeux, jaunes éclatant pour les plus grands. En pleine vadrouille, notre bateau tombe en panne ce qui complique les choses : en cas d’attaque de caïmans ou d’anacondas, nous sommes totalement démunis. Alors, notre guide nous explique simplement qu’il suffit de mordre l’anaconda pour éviter son attaque. Très rassurant !

Bébé caïman. A l'âge adulte, cette bestiole mesurera 6 mètres environ.

Le lendemain matin, réveillés par un gros orage, nous sommes déterminés à aller chercher notre déjeuner : des piranhas.


Un piranha et sa double rangée de dents... Miam

L’un d’eux, assez vigoureux, a fait changer le cours des aventures comme vous pourrez l’admirer sur la photo ci-dessous :



Rassasiés, nous repartons alors en direction d’Islandia, une splendide île péruvienne, avant de faire un arrêt à Benjamin Constant, petite ville portuaire animée au Brésil.


Islandia, Pérou

Notre traversée du jour se termine par un flamboyant coucher de soleil sur le Río Amazonas



Un dernier périple nous mène à la Isla de los Micos, une île achetée par un Américain qui avait emmené avec lui deux singes pour lui tenir compagnie. La population s’est rapidement décuplée, et aujourd’hui les singes s’y pressent par milliers ! Nous nous arrêtons également au Parque Victoria Regia réputée pour ses perroquets et ses grands nénufars. Ceux-ci seraient l’incarnation d’une jeune femme amoureuse de la lune, s’étant noyée en essayant de l’embrasser.




Ainsi, nous revenons de cette immersion en Amazonie emplis du souvenir de sensations encore jamais éprouvée, et l'irrépressible envie de s'y replonger à nouveau...


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